Aménagement des territoires et hydrogène : deux questions étroitement liées

L’hydrogène s’impose aujourd’hui comme une brique essentielle du futur mix énergétique français, à la fois pour répondre aux problématiques de la décarbonation de la production et de la mobilité et pour des raisons économiques et de souveraineté. Cependant, le déploiement de l’hydrogène est étroitement lié aux questions d’aménagement des territoires, aussi bien pour l’installation des unités de production que pour l’utilisation qui en sera faite. Le rôle des pouvoirs publics, et notamment des collectivités territoriales, est donc prépondérant.

Filière hydrogène : une réelle opportunité pour les territoires

Vecteur énergétique permettant de décarboner la mobilité comme la production tout en étant totalement indépendant de l’intermittence, au contraire du solaire et de l’éolien ; l’hydrogène est susceptible d’apporter de réelles opportunités aux territoires. N’émettant pas de CO2, il permet en effet à ces derniers de répondre à leurs objectifs de décarbonation tout en permettant la pérennité d’un tissu industriel déjà existant. Particulièrement adapté aux secteurs de la pétrochimie et de la sidérurgie, l’hydrogène peut permettre à ces industries de poursuivre leur activité tout en répondant aux exigences environnementales et en abaissant certains coûts, l’énergie étant aujourd’hui une charge importante pour les entreprises. De fait, le déploiement de l’hydrogène, en permettant aux entreprises de poursuivre et de développer leurs activités, peut grandement contribuer à l’attractivité des territoires. Toutefois, certains obstacles peuvent apparaître.

La problématique du foncier

Le déploiement des infrastructures sous-entend toutefois une réelle problématique, soulignée par nombre d’acteurs de la filière hydrogène : celle du foncier disponible pour l’installation des infrastructures nécessaires, qu’il s’agisse de stations de bornes de recharge pour les usages de mobilité comme des électrolyseurs indispensables à la production. Il existe en effet une forte tension sur le foncier disponible du fait de la concurrence des usages (agriculture, construction de bâtiments d’habitation ou commerciaux…), tension amplifiée par les évolutions législatives. La Loi Climat & résilience a en effet introduit en 2023 la notion d’objectif Zéro Artificialisation Net (ZAN) à l’horizon 2050, réduisant de fait la possibilité de construction de nouvelles infrastructures. La loi prévoit certes des dérogations pour les projets stratégiques (comme le BARMAR dans le cas de l’hydrogène), ainsi que pour certaines zones, notamment portuaires (et il n’est donc pas anodin que les premières megafactories se construisent sur de telles zones, à Dunkerque ou à Fos-sur-Mer). Le texte prévoit une articulation entre les grandes orientations, définies régionalement, et l’application sur le terrain, à travers les PLU. Les collectivités territoriales, à travers leurs compétences d’aménagement des espaces, ont donc un rôle important à remplir en la matière en définissant les axes de développement prioritaires.

Le volontarisme public, une nécessité pour la pérennité de la filière

L’hydrogène n’en est en France qu’à ses débuts et, comme pour toute construction de filière industrielle, le soutien des pouvoirs publics s’avérera déterminant. Le Plan IRA américain, massif, a permis un véritable essor de l’hydrogène outre-Atlantique, et prouve, si besoin était, que le volontarisme public conserve toute son utilité.

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