Les entreprises, parties prenantes de nos sociétés

Dire que les entreprises sont des acteurs essentielles de la société semble à minima une évidence. Elles sont des éléments majeurs de la vie économique et, alors que les questions de responsabilité écologique et sociétale (ou RSE) sont devenues prégnantes, elles s’inscrivent de plus en plus dans la vie de la cité. Cependant, si cette participation des entreprises à la vie de nos sociétés peut paraître comme allant de soi, il convient de se pencher davantage sur la manière dont perçoivent les entreprises elles-mêmes cette articulation, et sur la manière dont elles tentent de résoudre l’équation complexe entre impératifs économiques et aspects sociaux ou sociétaux.

Avant tout des entités économiques…

Il est des vérités triviales, mais qui gagnent, parfois, à être rappelées : les entreprises sont avant tout des acteurs économiques, et leur but premier reste de faire du profit. A l’heure où les bénéfices sont parfois mal vus par toute une partie de la société, cela peut être perçu comme dérangeant ; et nombre d’entreprises souhaitent minimiser cet aspect des choses, en insistant sur les actions qu’elles mènent par ailleurs, notamment en faveur de l’environnement. Pourtant, les entreprises, dans leur recherche de croissance et de profit, sont les moteurs du développement économique, créent des emplois qui font vivre une immense partie des ménages ; et sont souvent à la base de l’innovation. Les innovations financées par les entreprises, dans leur recherche de gains de compétitivité ou de parts de marché trouvent d’ailleurs souvent des applications dans la vie des citoyens, ce qui illustre pour partie les apports des entreprises à la vie de la cité. Cependant, et même si elles demeurent avant tout des acteurs économiques, il serait réducteur de limiter l’impact des entreprises dans la vie de la société à ce seul volet. Car la recherche d’une croissance économique pérenne pousse naturellement bien des entreprises à agir dans le sens d’un meilleur présent comme d’un meilleur avenir pour l’ensemble de la société.

… mais dont les intérêts rejoignent ceux de la société

Par essence, une entreprise souhaite se développer. Mais elle souhaite également que cette croissance s’inscrive dans le temps. Le principe même de croissance infinie est un débat en soi, presque philosophique, et qui prend toute son acuité dans notre contexte de raréfaction des ressources de la planète. Cependant, les entreprises prennent de plus en plus en compte ces évolutions, et agissent aujourd’hui pour préserver au mieux ces ressources, en travaillant par exemple sur de nouveaux procédés de production plus économes ─ à défaut d’être pleinement écologiques. L’engouement actuel autour des enjeux de la RSE (concept complexe et aux contours paradoxalement souvent méconnus) illustre cette prise de conscience. Les entreprises intègrent donc de plus en plus ces questions, à la fois pour des questions d’image, mais aussi pour répondre aux demandes de leurs clients comme de leurs partenaires et investisseurs : en un mot, aux demandes émanant de la société. La presse relaie régulièrement les actions, parfois retentissantes, mises en œuvre par de plus en plus d’entreprises, souvent parmi les plus importantes d’entre elles. Les pouvoirs publics, à travers divers dispositifs législatifs, tantôt incitatifs tantôt contraignants, accentuent également ces évolutions. Les entreprises, de par leur poids dans la société, sont en effet le pivot nécessaire à la réussite d’une transition écologique. Toutefois, de manière extrêmement réaliste, plusieurs constats s’imposent : d’une part, la majorité des entrepreneurs se sentent évidemment concernés par les évolutions écologiques à titre personnel et humain, mais ne prendront le virage de la vertu que lorsque ce dernier sera jugé plus rentable que le statu quo ; d’autre part, il est probablement aussi vain de tout attendre des entreprises que de tout attendre de l’Etat. Dès lors, il convient de se pencher plus attentivement sur les finalités d’une entreprise, et leurs articulations avec l’ensemble de la société.

La théorie du colibri

Une histoire illustre l’action qui peut être celle des entreprises par rapport aux enjeux de notre monde : celle du colibri qui, alors que la jungle brûle, apporte quelques gouttes d’eau pour éteindre l’incendie. Son action n’est certes pas déterminante, mais l’oiseau a pris sa part du fardeau commun. De plus en plus d’entreprises s’identifient à ce colibri, sans nécessairement connaître cette histoire. Les entreprises apportent donc de plus en plus leur contribution, indispensable et probablement déterminante, mais qui ne fera pas tout à elle seule. Ces contributions s’expliquent certes par la nécessaire réponse aux demandes émanant de la société, mais aussi par la recherche de nouveaux marchés ou positions stratégiques ainsi que, de manière assez régulière, par les convictions profondes des entrepreneurs. De plus en plus d’entre eux s’impliquent par ailleurs activement dans les débats animant la société en rapport avec leur secteur d’activité, parfois dans une optique de défendre leur entreprise, mais le plus souvent pour apporter leur contribution à la nécessaire réflexion collective.

Une vision entrepreneuriale observe nécessairement son environnement

Une entreprise est un acteur économique, mais aussi une aventure humaine, à la fois collective et individuelle. De nombreux entrepreneurs confient que, à leurs yeux, une entreprise doit s’inscrire dans la durée, et que l’observation du contexte est primordiale. Cela bien sûr dans une optique d’agilité, mais pas uniquement. De nombreuses entreprises, qui sont parfois devenues de réelles success-story entrepreneuriales partent parfois de la simple observation de la société, de ces évolutions, des besoins émergents et des solutions à y apporter. Cela devance d’ailleurs parfois le législateur, qui peine à définir un cadre réglementaire (de bons exemples de cette avance des produits et services d’une entreprise posant des questions de cet ordre seront Uber, pour le droit social, ou les entreprises ayant contribué à l’essor des cigarettes électroniques en France pour ces qui relèvera des normes sanitaires). Cette volonté de nombreuses entreprises de proposer de nouveaux produits ramène, in fine, à l’essence même de ce qu’est une entreprise : l’alliance d’une idée, base d’un produit ou d’un service, et d’une volonté, celle de partager cette idée à travers la création de richesses. Les idées ne naissent pas de rien, elles s’inspirent nécessairement de ce que voient et perçoivent ceux qui les ont. La volonté, elle, vient du for intérieur des entrepreneurs. La notion de partager ces idées, sous la forme d’une entreprise, implique nécessairement de se confronter aux ressentis des consommateurs, des partenaires et investisseurs. Dès lors, de par cet échange (marchand ou non), l’entreprise devient un acteur social à part entière, à la voix légitime.

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