L’Ordre des experts-comptables : mieux accompagner les entreprises dans leur transition

Créé par l’ordonnance de 1945, l’Ordre des experts-comptables est une institution nationale, placée sous la tutelle du ministère de l’Économie et des Finances, dont le rôle est d’assurer la représentation, la promotion, la défense et le développement de la profession d’expert-comptable, tant en France qu’à l’étranger. Il se veut également force de proposition auprès des pouvoirs publics. Sa proximité avec le monde de l’entreprise lui permet d’intervenir sur les questions visant à assurer une meilleure efficacité aux entreprises et de faire des propositions en la matière.

Profession Comptable 2030 : un programme bien pensé pour préparer l’avenir

A l’heure de la transformation digitale des cabinets d’expertise-comptable et de l’octroi de nouvelles missions aux experts-comptables, l’Ordre des experts-comptables a souhaité mettre en place un dispositif innovant pour accompagner les cabinets dans leurs mutations : Profession Comptable 2030. Le projet porté par le CFPC et déployé via les IRF depuis septembre 2023 repose sur deux axes majeurs : le développement d’un outil en ligne anonyme et gratuit pour accompagner les cabinets et leurs équipes dans le déploiement de nouvelles missions et la mise en place d’une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences ; la création de nombreux parcours de formation hybrides afin de faire évoluer les compétences nécessaires des collaborateurs pour s’adapter aux évolutions du métier. Cap 2030 repose sur un référentiel de compétences.

D’ici 2030, l’expert-comptable sera ultra-connecté ou ne sera pas

Profession Comptable 2030 est aussi une manière de dessiner les contours de la profession à horizon 2030. Selon Gwennog Grall, de l’Ordre breton des experts-comptables, la transformation inhérente au métier devrait diversifier l’activité des cabinets en donnant naissance à deux grands types de professions : la gestion de la data et son analyse. D’autant plus que la loi Pacte, promulguée en 2015, a élargi le champ des possibles et des opportunités commerciales pour la profession. « Les experts-comptables seront des coachs d’entreprise. Ils accompagneront le chef d’entreprise dans la gestion puisqu’ils auront une vue globale du marché et des concurrents ». Pour le président du CROEC Bretagne, élu en décembre dernier, « la notion de facilitateur restera, notamment sur le volet fiscal, car il y a des changements de réglementation tous les ans. Le conseil sera prédominant. » Autre rôle qui pourrait fleurir dans les cabinets, celui d’assistant administratif. Il endosserait « le paiement de factures fournisseurs et l’encaissement de créances clients avec le suivi et la relance ». Une orientation naturelle pour ces spécialistes de la trésorerie. l faut « donner aux cabinets les moyens de prendre le virage. » Pour faire face, l’Ordre anime un club dédié à la transition numérique. Au programme des rencontres, les évolutions technologiques, l’impact sur les collaborateurs et les nouvelles approches commerciales, en particulier les relations avec les clients à l’ère du digital. « Nous sommes de moins en moins des professionnels libéraux, centrés sur l’expert, mais devenons des entreprises de services. » L’expert-comptable va de plus en plus vers l’exploitation de données non financières. Il peut par exemple être amené à réaliser des bilans carbone. D’évidence, les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) seront de plus en plus scrutés. « Il est possible d’imaginer des taux bonifiés pour des prêts bancaires si un certain nombre de critères est respecté. Idem pour l’attribution de subventions. », précise sur ce point Gwennog Grall. Cousins germains des experts-comptables, les commissaires aux comptes commencent eux déjà à voir leurs missions évoluer. Une directive européenne, la Corporate Sustainability Reporting Directive, prévoit de rehausser les exigences de transparence des entreprises en matière d’ESG, impliquant une obligation d’audit des données de durabilité. Les experts-comptables prendront part aux transitions.Gwennog Grall évoque la norme ISO 26000, premier standard international en matière de RSE. Les experts-comptables pourraient accompagner les entreprises dans les démarches de labellisation. Moralité : les critères ESG vont devenir de plus en plus un sujet de préoccupation des cabinets à horizon 2030. 

Facture électronique, data, le digital, enjeu clé pour les experts-comptables

Après avoir placé en 2022, l’expert-comptable au cœur de la société, le Conseil national de l’Ordre a décidé de placer la facture électronique et la data au coeur des échanges du 78e congrès de la profession. Préparé par l’équipe de rapporteurs pilotée par Jean Saphores et Dominique Périer, cet évènement aura permis de mieux appréhender la réforme sur la facturation électronique et son impact sur l’activité des cabinets d’experts-comptables, mais également d’expliquer en quoi elle représente aussi une opportunité pour la profession de se réinventer et de s’ouvrir à de nouveaux horizons, notamment lorsqu’elle est associée à l’explosion du volume des datas.

Pour rappel, la facture électronique sera progressivement obligatoire pour toutes les entreprises entre 2024 et 2026, ce qui nécessitera un accompagnement fort des dirigeants des TPE-PME dans le choix d’une solution (interne ou externe) d’amélioration de leur processus de facturation et de gestion de trésorerie. C’est dans ce cadre que le Conseil supérieur de l’ordre des experts-comptables, le CFPC, les régions et leurs IRF ont présenté un projet permettant aux TPE-PME d’expérimenter la mise en œuvre de la facture électronique. Une initiative retenue parmi les lauréats du deuxième appel à projets lancé par Bpifrance et France Num, relatif à l’accompagnement de la transformation numérique des TPE-PME.

La facture électronique aura surtout un impact pour les clients « tenue ». L’organisation comptable de ces entreprises est plus artisanale et disparate. Plus de 60% de ces clients réalisent leurs factures sous Word ou Excel et les envoient ensuite par mail en PDF. En face, les experts-comptables se voient proposer une foule d’outils pour dématérialiser les flux de leurs clients. Contrairement aux clients “révision”, le cabinet ne récupère pas de journaux, sauf si le client a un système de pré-comptabilité (MEG de RCA, Evoliz, QuickBooks…). Il doit donc accélérer la remontée d’information via des systèmes de captation en lien avec l’outil de production pour assurer l’ensemble des déclarations que cette clientèle lui délègue. Dans le cadre de la facturation électronique, ajoutons que les clients « tenue » devront disposer d’un outil centralisateur pour émettre et recevoir simplement leurs factures électroniques. Objectif : mieux gérer le quotidien (paiement, paiement fractionné, virements, fichiers SEPA, relances…). L’outil imputera également les factures aux mouvements bancaires et proposera un compte et une carte pour gérer les notes de frais… On s’achemine donc vers une (pré)comptabilité temps réel pour la clientèle « tenue » de petite taille.

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